En complément de chaque article, je publie tous les jours des graphiques pour affiner l'analyse. Vous trouverez ces graphiques en bas de page.
Lundi 6 mars 10h49 : gaps hebdo en Europe. 14h11 : graphique du Gaz. Mardi 7 mars 10h45 : inertie avant Powell. 20h07 : un économiste haussier sur les actions. Mercredi 8 mars 10h45 : DAX. 14h19 : sondages Bloomberg et JP Morgan. 14h32 : réaction des taux à Powell. Jeudi 9 mars 10h57 : CAC et Europe. 12h29 : cours du blé de meunerie. 22h38 : décorrélation taux/indices. Vendredi 10 mars 10h45 : gaps en Europe. Dimanche 12 mars 11h50 : SVB, le problème en quelques graphiques. Lundi 13 mars 8h30 : Bitcoin précurseur ? 13h27: Eurostoxx 50, support cassé.
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Bonjour,
La consolidation aura duré 22 séances et ce vendredi 3 mars, un gap accélérateur haussier est venu selon moi mettre un terme à cette respiration de marché. Les prix étant entrés par le bas dans cette aire de congestion, il est logique qu'ils s'en extraient par le haut. C'est la définition d'une tendance avec ses périodes de pause.
Les raisons à cette hausse, autres que le chartisme, sont identiques à celles évoquée dans les précédents articles. Il s'agit de l'analyse contrarienne, très pertinente actuellement, et l'analyse inter et intra-marché, qui fera le point sur l'obligataire, les secteurs, l'appétit pour le risque, la saisonnalité...
Passage en revue de ces trois champs d'analyse.
1- L'analyse chartiste :
Deux indices européens ont mis en lumière de manière claire la renaissance de la tendance haussière de fond. Il s'agit du DAX et de l'EUROSTOXX 50. Sur le premier, le gap du jour a permis l'expulsion par le haut d'un biseau de consolidation, figure classique de continuation.
Voilà pour l'Europe qui, une fois n'est pas coutume, est le marché directeur dans le monde. Quid des Etats-Unis ? Comme évoqué dans le précédent article, les places américaines sont poussives, mais graphiquement, l'horizon pourrait se dégager. Regardons ensemble le S&P500 et Dow Jones.
Sur le S&P500, le débordement de la ligne de tendance en bleu constituait fin janvier un signal positif. Le récent rebond jeudi 2 mars valide-t-il l'hypothèse d'un simple pull-back ? Il est un peu plus difficile d'être affirmatif car le marché américain est sous-performant. J'ai également indiqué sur le graphique mon décompte Elliottiste privilégié. Mais c'est un élément secondaire d'analyse, plus souvent invalidé que confirmé, et il dépendra du marché obligataire comme vous le verrez plus bas.
Le Dow Jones a souffert des trois échecs observés en janvier et février sur 34 330 points. La borne basse de la zone de consolidation qui perdure depuis novembre 2022 a été rejointe et génère un rebond. Mais le juge de paix est l'obstacle à 34 330 points. Pas de tendance haussière de fond sans son dépassement.
2- L'analyse contrarienne :
L'analyse contrarienne est d'une redoutable efficacité en ce début d'année. Je vous fait part régulièrement d'indicateurs de sentiments. Tous confirment le profond pessimisme général. Les deux plus emblématiques ont été le suivants : 1) un sondage d'opinion de Goldmann montrait fin 2022 pour la première fois depuis 20 ans des anticipations négatives pour les actions en 2023. 2) le AAII, sondage auprès d'investisseurs particuliers américains, a montré sur la durée le fort sentiment pessimiste depuis... 40 ans. 3) Les ratios put/call ont explosé les plafonds fin 2022.
Lorsqu'un consensus est aussi prononcé, il est quasi-certain que les prix pendront le contre-pied de la majorité, pour des raisons extrêmement basiques. Pour simplifier, si vous êtes négatifs, vous ne possédez pas d'actions, et par conséquent, vous ne pouvez vendre ce que vous ne possédez pas, vous ne pouvez mécaniquement qu'acheter. Les actions montent très souvent dans cette configuration.
Je vous propose trois nouveaux indicateurs de sentiment, dont un que je vous ai déjà présenté dans les commentaires de mon précédent article : les options d'achat sur le VIX. Ces derniers sont revenus au niveau du mois de mars 2020, au pire de la crise sanitaire et boursière du Covid. Si les taux de couverture sont aussi conséquents, c'est que la peur est bien présente. C'est donc le moment d'acheter !
Cet autre sondage est assez représentatif du sentiment de marché. Les 2/3 des investisseurs interrogés par Bank Of America pensent que nous sommes toujours en "bear market". Seuls 23 % pensent qu'ils s'agit d'un bull market.
Enfin, petit tour de la planète boursière et des gérants (re)connus ou bénéficiant d'une reconnaissance médiatique :
François Trahan prévoit l'apocalypse boursier et économique.
Aux Etats-Unis, Ray Dalio, gérant du plus gros hedge fund de la planète, Bridgewater, parie depuis plusieurs mois contre les actions européennes, avec des positions short sur des dizaines entreprises européennes, dont Total Energies, Axa, Allianz, Sanofi... Regardez leurs cours de bourse et vous comprendrez le piège qui se referme sur les vendeurs à découvert.
Sur les médias américains, le constat est identique. Les "ours" sont omniprésents. Je n'ai trouvé que Baron pour recommander l'achat des actions. Nous avons quelques arguments en commun.
A propos de cette dernière phrase, il est tout à fait juste qu'il ne faut pas lutter contre la FED, dont la politique est restrictive au niveau des taux, avec en plus une réduction de bilan. Mais, toutes banques centrales confondues, elles sont encore expansives, les contributions venant de la banque centrale de Chine et du Japon.
3- L'analyse inter et intra-marché : obligations, secteurs, appétit pour le risque, saisonnalité
Je reviens sur le graphique que je vous avais proposé lors de mon dernier article.
Trois étapes sont visibles sur ce graphique. Jusqu'en octobre 2022, la corrélation était quasi-totale entre les indices actions et le marché obligataire. Les inflexions et les durées des vagues étaient similaires entre le Bund et le Dax par exemple. Puis, les actions sont surperformé nettement partir d'octobre. A partir du 20 janvier 2023, dernier sommet notable sur le Bund, les actions semblent avoir pris leur indépendance, comme si le thème de l'inflation, qui occupe tous les esprits, allait petit à petit s'effacer, soit par une décrue soit par une adaptation sociétale.
A noter que sur les marché américains, la corrélation est encore quasiment en place entre le T-Notes et le Nasdaq Composite, indice le plus sensible aux taux. 2023 est plus favorable aux valeurs technologiques mais le mouvement est encore naissant et balbutiant.
La décorrélation entre le marché action et obligataire nous envoie donc un signal positif sur les actions. Comment se comportent les actions et les secteurs en bourse ?
Dans l'Eurostoxx 50, l'assurance pèse 6,19 %, dont 1,83 pour AXA, 2,86 % pour Allianz et 1,5 % pour Munich Re. La configuration d'AXA ne prête pas vraiment à confusion : c'est haussier avec ces creux et sommets ascendants, et ce sommet historique. Rajoutons que les résultats 2022 (flèche bleu) ont été bien accueillis. Pourquoi le marché ne vend-il pas et ne prend pas en considération les dangers énoncés par les baissiers ?
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Je pourrais poursuivre le raisonnement pour la très grande majorité des valeurs des grands indices. Les cours de bourse conservent une tendance haussière malgré toutes les mises en garde des gérants. Il faut dire que les big caps passent pour l'instant sans encombre les embûches de l'inflation grâce à leur pricing power et à des trésoreries florissantes qui ne nécessiteront pas d'appel au marché.
Bien sûr, les discours bearish portent sur le fait que cette situation ne durera pas. Mais pour l'instant, la main invisible du marché ne donne pas raison aux prévisions des baissiers. Et je reste assez convaincu que ce schéma perdurera. Je préfère écouter le marché qui, selon le célèbre adage, a toujours raison.
Reste que ce schéma pourrait ne s'appliquer qu'aux grandes capitalisations. Peut-être qu'il existe un marché à deux vitesses où les valeurs plus fragiles, comme les small&mid caps, souffriraient des taux élevés. Comparons les indices phares aux indices plus confidentiels depuis le début de l'année.
Performance depuis le 01/01/ 2023 :
CAC 40 : +13,51 % / CAC Mid&Small : +11,86 % / CAC Small : +8,46 %.
DAX 40 : +11,88 % / Mdax (Mids allemandes) : +15,13 % / Tech All Share : +10,66 %.
S&P 500 : +5,37 % / Nasdaq Composite : +11,68 % / Russel 2000 : 9,74 % / Russel 3000 : +6,40 %.
Vous constatez qu'il n'existe pas de lecture cachée, où la bonne tenue des big caps masquerait une réalité plus fragile. Oui, la hausse des taux pèse sans aucun doute sur les valeurs de croissance et les petites et moyennes capitalisations, mais pas de manière systémique.
Terminons cet article par la saisonnalité américaine en cette troisième année du mandat de Biden.
Si je m'en réfère la à ligne verte, qui dévoile d'ailleurs une seconde quinzaine baissière (!), la voie est dégagée jusqu'à début mai. Si vous êtes baissier, il y a de l'espoir pour vous le mois de mars le sera.
Conclusion :
L'alternative qui s'offre à nous est la suivante : croire le sentiment de marché, largement en faveur d'une baisse des actions, ou bien ce que nous disent les indices. Mon choix est fait depuis le début d'année : je choisis de suivre les prix, qui à mon avis prendront à revers le consensus. Le marché ne va jamais où l'attend une large majorité, c'est une réalité mainte fois vérifiée.
La conclusion de l'article du 16 février est donc maintenue : le bull market entamé en janvier en Europe devrait se prolonger de 5 à +10 %, jusqu'à fin avril avant d'offrir une longue consolidation.
Naturellement, la hausse des actions ne se fera pas en ligne droite. Elle sera plutôt lente, avec des à-coups et sans beaucoup de volumes (les volumes arrivent au début et à la fin des mouvements selon le principe d'accumulation et de distribution). Lorsque les bonnes nouvelles afflueront, que le sentiment de marché basculera dans l'optimisme, il sera alors temps de sortir du marché.
Avertissement :
Les analyses diffusées dans cet article sont à titre purement informatif et ne constituent ni une offre, ni un conseil pour les investisseurs. Il s'agit d'un avis personnel et la responsabilité de l'auteur ne saurait être retenue directement ou indirectement.
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Cliquez sur le graphe pour l'agrandir. |
Mais les banques n'ont aucune raison de vendre et donc de matérialiser leurs moins-values. Il suffit de porter les obligations à leurs termes et les moins-values s'éteindront toutes seules.
Bonsoir, tous dans les médias prédisent le krack boursier, je ne comprends pas le but mis à part faire peur et faire vendre les petits porteurs. Le CAC40 est une machine faite pour monter. J'en parlais avec un collègue qui me disait que dans les années 90, le cac était autour de 2000 points et qu'il aurait du investir :) malgré les hauts et les bas qui ont suivis, il serait financièrement tranquille aujourd'hui:).
RépondreSupprimerBonjour Bernard, tu as bien résumé la situation. Aucun gérant n'est haussier. Tous tiennent le même discours. : l'inversion de la courbe des taux, la récession qui va poindre, l'inflation non maîtrisée, les taux qui vont casser l'économie. Tous sont sous-pondérés mais il faut bien écouter les marchés et les messages qu'ils nous envoient : les plus hauts historiques en Europe (du moins sur CAC et FOOTSIE) ne collent pas avec leur vision.
RépondreSupprimerAnalyse pertinente et intéressante encore. Le 10 ans US n'a pas tenu les 4% ... ouf
RépondreSupprimerEn tous cas, merci pour tes analyses, toujours au top. Bonne fin de week-end.
RépondreSupprimerMerci de vos retours, l'article est finalisé. Bonne soirée.
RépondreSupprimerBonjour Parthénon,
RépondreSupprimerJe signe & un R, car il y a un autre boomer prénommé Bernard qui sévit sur ton forum :-)
Je lis ici ou là que si la FED contrôle les taux de dette émise, c'est le marché du marché secondaire (celui où la cote fluctue) qu'il faut vraiment regarder, car il reflète la demande réelle. Si le 10 ans reste collé en deça de 4%, n'est-ce pas une manière de signifier que le marché ne croit pas à une hausse de ces taux (à MT tout du moins) ?
Pas simple de s'y retrouver sur les taux...
Merci encore pour tes analyses