vendredi 1 novembre 2024

Les élections américaines peuvent-elles faire dérailler les marchés ?

 


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En complément de chaque article, je publie tous les jours des graphiques pour affiner l'analyse. Vous trouverez ces graphiques en bas de page.

Lundi 4 novembre 13h28 : tête et épaules sur le Nikkei ? Mardi 5 novembre 10h05 : derniers ajustements avant l'élection. 16h58 : une élection sans trouble ? 22h20 : les actions votent pour un scénario rose. Mercredi 6 novembre 9h40 : élection américaine conséquence 1 (Stoxx 600). 9h50 élection américaine conséquence 2 (T-Notes). 9h57  élection américaine conséquence 3 (actions US). 10h07  élection américaine conséquence 4 (VIX). 13h00 : accueil enthousiaste sur les actions, glacial sur l'obligataire. 22h15 : différentiel USA/Europe.

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Bonjour, dans mon précédent article du 18 octobre intitulé : "les marchés actions sont-ils invincibles ?", je concluais que la patience s'imposait au regard de "risques équilibrés à court terme", tandis que le moyen terme demeurait haussier sur les marchés actions.

Cette semaine a marqué le retour des signaux graphiques négatifs assez clairs à court terme. Ces signaux vont-ils déboucher sur une correction modérée ou profonde ? Les élections américaines vont-elles ébranler les marchés ? Eléments de réponse en graphique.


1) L'analyse chartiste :

Regardons tout d'abord la tendance de fond du RUSSELL 3000, l'indice le plus large américain. Nous observons un canal, une moyenne mobile à 200 semaines soutien des cours, des creux et sommets ascendants. Ce sont les caractéristiques d'une tendance haussière. La crise de la Covid avait momentanément brisé ce bel ordonnancement. L'excès a été rapidement effacé. 


Regardons à présent à court terme. Nous observons un biseau. C'est une figure qui exprime un épuisement du courant acheteur. Il s'accompagne de divergences sur les indicateurs : grâce aux dérivés, les indicateurs de type MACD n'inscrivent pas de nouveaux plus hauts tandis que les prix continuent de grimper. C'est le signe d'un ralentissement de la dynamique généralement prémisse à un retournement. Nous observons ce phénomène sur l'horizon hebdomadaire. 

La cassure de biseau doit être brutale et accompagnée de volumes, c'est le cas. On peut donc valider cette figure dont le seul point faible est son coté un peu abrupt. Théoriquement, la cible se situe au point de départ de la structure soit 225 points. Nous verrons si la théorie est respectée. Quoiqu'il en soit, le risque est baissier à court terme.


Le Stoxx 600, l'indice européen le plus large, a échoué à de multiples reprises en 2024 sur la résistance à 525 points. Un phénomène d'épuisement et d'impatience est apparu avec la cassure (pas encore franche) de la zone à 510 points. Les rectangles rouges comptabilisent 5 mois de cotations au-dessus de 510 points. Donc autant de mains perdantes qui pourraient être tentées de vendre. A moins d'une réintégration rapide et puissante de 510 points, le risque est baissier sur le Stoxx 600 à court terme.


Regardons à présent la tendance à moyen/long terme. La dynamique est également haussière dans un canal. Mais la figure est nettement moins pentue et les cours sont assez proches de la borne haute de la structure. Le potentiel est donc moins élevé à long terme. Ce n'est pas pour rien que la croissance est trois moins élevée en Europe qu'au Etats-Unis. 2025 pourrait se révéler modérément haussier, à moins que l'on sorte par le haut du canal. Mais j'ai du mal à croire en cette éventualité.


2) L'analyse elliottiste :

Lors du dernier article, j'ai proposé un décompte alternatif à celui proposé en septembre et octobre. L'extension haussière observée sur le S&P500, le DAX ou l'IBEX instillait le doute. Mais dans les deux décomptes, il fallait une correction.

Voici le décompte initial sur le STOXX 600, l'indice européen le plus représentatif. Nous serions dans la vague 3 de c de IV. Lorsque nous regardons la précédente séquence en a-b-c de 2023 (premier rectangle orange), elle a duré du 17 avril au 27 octobre et a pris la forme d'une consolidation à plat. L'actuelle consolidation a démarré le 16 mai. Elle pourrait s'achever par itération le 26 novembre sur 480 points.

Sur le S&P500, nous retrouvons le biseau du Russell 3000 avec son gap de rupture. Si le décompte est le bon, nous aurions aussi démarré la vague 3 de c de IV. Cette vague pourrait être plus puissante en amplitude si les élections américaines débouchaient sur une grande confusion. En théorie, les biseaux génèrent un retour sur la base de la figure.

Je précise que je peux me tromper sur le décompte. Le problème d'Elliott, c'est que cette méthode colle des biais dont il est parfois difficile de se défaire. Et le biais est l'ennemi de l'analyste !



3) Les indicateurs de sentiment :

Tour d'horizon des 4 indicateurs de sentiment qui me semblent les plus pertinents. Je rajoute un nouveau venu.

3-1) Le AAII : il revient en zone neutre. Le sentiment haussier et baissier se rééquilibre. Le relatif pic d'optimisme observé ces dernières semaines correspond au sommet sur le Dow mais pas sur le Nasdaq. 

3-2) Les ratios put/call equity : cela reste à mes yeux le meilleur indicateur de sentiment. On peut estimer que le pic d'optimisme observé ces derniers jours a bien fonctionné. Evidemment, cet indicateur contarien ne donne pas la profondeur des retournements ni leur durée. C'est pour cela qu'il faut le combiner avec le chartisme. 

A présent, l'indicateur pourrait (je dis bien "pourrait") se diriger vers les précédents sommets à 0,70. Cela impliquerait une poursuite du mouvement correctif sur les indices américains.

3-3) L'euphoriameter : j'ai découvert cet indicateur contrarien il y a quelques mois et son ratio de réussite de 70 % se semblait assez intéressant. Mais force est de constater qu'il est très peu efficient sur le timing. Il reste en zone de très fort optimisme. Donc méfiance sur les actions.


3-4) Le VIX : la volatilité implicite américaine a brouillé les pistes. Son positionnement assez éloigné du pic de complaisance n'indiquait pas un excès d'optimisme. Sur l'indice de la peur, il faut désormais surveiller la résistance à 23,35. Son débordement matérialiserait une montée de l'anxiété sur les marchés. Sous cet obstacle, le risque de dérapage des actions est limité.


3-5) le petit nouveau : l'exposition des investisseurs aux actions est particulièrement élevée à quelques heures de l'élection. Trop ? Cela tranche en tout cas avec les précédentes élections de 2020, 2016 et 2012.  



4) L'inter et l'intra-marché :

4-1) Le marché obligataire : les taux se sont particulièrement tendus ces dernières semaines aux Etats-Unis. On peut rattacher cette tension à deux évènements : 1) une amélioration des fondamentaux au niveau mondial (cf précédent article). 2) le marché anticipe la victoire de Trump, dont le programme est jugé inflationniste car protectionniste. Mais nous avons vu aussi (cf. précédent article) que des marchés actions qui montent avant l'élection favorisent très nettement la réélection du président en place. Bref, tout ceci est assez confus. Quoiqu'il en soit, le maintien de taux élevés alors que l'inflation a regagné son lit n'est pas une très bonne nouvelle pour les actions.


4-2) La saisonnalité : les marchés entrent en novembre dans leur meilleure saisonnalité. Reste à franchir l'écueil de l'élection. 


4-3) L'appétit pour le risque :

Le SOX et l'IA ont porté les indices américains au premier semestre 2024. L'inversion du comportement relatif a eu lieu le 10 juillet. Une tête et épaules est activée, le biseau pourrait ne pas tarder à l'être. Le risque est baissier sur le SOX, signe d'un appétit pour le risque qui n'est pas au beau fixe.


4-4) Bitcoin : la crytomonnaie est un actif risqué relativement corrélé aux indices boursiers. On observe à court terme que les prix ont échoué sur le record du mois de mars. Vu que les prix ont rebondi en août sur le 50 % de la précédente impulsion, la tendance de fond est probablement haussière. Le scénario privilégié est le suivant : un repli dans les prochains jours/semaines pour retrouver de l'énergie haussière, puis, à la troisième tentative (1,2, break), le franchissement des records.


CONCLUSION :

Si je me fie à la théorie, les marchés pourraient reculer jusqu'à la fin du mois de novembre avant de renouer avec leur tendance haussière de fond. Le Stoxx 600 reculerait de -6 % tandis que le S&P500 pourrait abandonner dans le pire des cas jusqu'à -10 %.

Naturellement, il ne s'agit que de prévisions théoriques. Le marché fera ce qu'il voudra. Et les phases de consolidation sont les plus difficiles à prévoir. 

Si le repli attendu se produisait, il constituerait selon moi une opportunité d'achat pour les 6 mois à venir.

Avertissement : les analyses diffusées dans cet article sont à titre purement informatif et ne constituent ni une offre, ni un conseil pour les investisseurs. Il s'agit d'un avis personnel et la responsabilité de l'auteur ne saurait être retenue directement ou indirectement.

Rédaction achevée, relecture finie.

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Lundi 4 novembre 13h28 : tête et épaules sur le Nikkei ?

Bonjour, les marchés européens sont calmes ce matin. Le Nikkei pourrait dessiner une tête et épaules. Cette figure ne sera activée que par la rupture de la ligne de cou à 37 700. Son potentiel se situe sur le support suivant à 35 250 points.


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Mardi 5 novembre 10h05 : derniers ajustements avant l'élection.

Bonjour, à quelques heures de l'élection, voici les choix des investisseurs américains lors de la semaine écoulée et cela vient confirmer le 3-5). Les choix se portent sur les actions et les couvertures sont ignorées. Comme les cours ont plutôt baissé durant cette période, on peut se demander s'il n'y a pas un phénomène de distribution. Les cours nous le diront plus tard. A suivre.


16h58 : une élection sans trouble ?

Les actifs à risque grimpent ce jour (graphe du Nasdaq 100 ci-dessous), les taux se tendent. Les marchés semblent miser sur une victoire de Trump, ce qui éloignerait le risque d'une contestation du scrutin. Graphiquement, le biseau fait toujours planer une menace. Aux marchés de décider.


22h20 : les actions votent pour un scénario rose.

Grande bougie verte sur le S&P500, clôture au plus haut. Les actions votent pour un happy end. Il semblerait que Trump puisse reconnaître une éventuelle défaite. Graphiquement, il y a encore un risque. Réponse demain matin.


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Mercredi 6 novembre 9h40 : élection américaine conséquence 1.

Bonjour, les marchés grimpent fort suite à la probable élection de Trump. Les marchés européens emboitent le pas. Le Stoxx 600 réintègre sa zone de consolidation. La rupture de 510 était problématique puisque 5 mois de cotations était désormais perdantes. La réintégration de ce seuil élimine le risque baissier à court terme, d'autant que le 61 % de la dernière jambe baissière est dépassé. La tendance redevient neutre à court terme.


9h50 : élection américaine conséquence 2 (T-Notes).

Le T-Notes continue de baisser et donc les rendements de monter (10 à 15 points de base ce matin). La politique isolationniste et protectionniste de Trump est jugée inflationniste. La politique fiscale de Trump est jugée négative pour les finances publiques.


9h57 :  élection américaine conséquence 3 (actions US).

Le biseau du RUSSELL 3000 sera probablement invalidé à l'ouverture. Sauf reversal brutale, le risque de correction lié à cette figure est éliminée. J'observe malgré la tension sur les taux que le RUSSELL 2000 pourrait déborder en gap sa résistance à 91,82. La politique pro-business de Trump plaît aux marchés.



10h07 :  élection américaine conséquence 4 (VIX).

Le marché s'était couvert contre le risque de trouble. Le VIX s'effondre en deux séances de -30 %. On revient sur le support. Impossible de dire ce qui va se passer par la suite.


13h00 : accueil enthousiaste sur les actions, glacial sur l'obligataire.

Le rendement du T-Notes se tend de 20 points de base, c'est beaucoup. Les indices grimpent en pré-ouverture mais l'économie a besoin de taux raisonnables pour se financer. Actions et taux qui montent ne sont pas souvent conciliables. Cette journée pourrait révéler des surprises.


22h15 : différentiel USA/Europe.

Clôture au plus haut aux US (malgré flambée des taux), clôture au plus bas en Europe. Sur ce graphique, la base 100 est en mars 2020. La performance des USA pourrait bientôt atteindre 2 fois celle de l'Europe.







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